A propos de



Les cimetières, témoins de la diversité socioculturelle européenne, de l’histoire et des différents mouvements artistiques, sont des éléments de culture et de patrimoine particulièrement intéressants, constitutifs de l’héritage du territoire de l’UE et de ses citoyens. Pourtant, ils demeurent encore trop souvent ignorés, méconnus.

Les hommes, depuis la période préhistorique, ont procédé à des cérémonies et rituels d’inhumation ; ils ont développé des traditions liées à l’inhumation et au « lieu de repos », à la « dernière demeure ». Des nécropoles présentant un grand intérêt archéologique sont encore découvertes de nos jours, et les sites les plus visités et renommés du patrimoine à travers le monde sont en fait des monuments faisant référence à la mort, aux cérémonies funéraires et/ou à « l’autre monde » ... (On peut nommer par exemple quelques-uns des plus célèbres sites : les Pyramides de Gizeh et les Vallées des Rois en Egypte, le Taj Mahal en Inde).

En Europe, nombre de grands cimetières offrent une démonstration claire de l'évolution artistique du continent, principalement entre le romantisme et le modernisme (19ème et 20ème siècles) par leur structure et leur architecture (sculptures et mausolées, espaces verts, églises, etc) et sont ainsi riches d’enseignements sur le plan culturel. Quelques-uns des plus grands sculpteurs et architectes ont participé à leur édification (en utilisant une large gamme de matériaux, de pierres locales, le marbre, le fer, le bronze…), et souvent, ces constructions ont été érigées à la mémoire et à la gloire de leurs concitoyens illustres, avec pour objectif « l’immortalisation» de la vie et de l’œuvre de ces grands hommes.

En fait, les experts ne parlent pas de «tombes» mais de «monuments», et certains cimetières ont même obtenu une reconnaissance internationale (ex : le cimetière de la forêt de Stockholm, patrimoine mondial de l'UNESCO, ou le cimetière de Zale à Ljubljana, qui a reçu le Label du patrimoine européen, récemment créé par le Conseil européen des ministres de la Culture). Il est à noter que ces deux cimetières sont membres de l’ASCE et s’enrichiront ainsi du projet.

Les cimetières européens nous rappellent aussi les faits de notre histoire récente (épidémies, grandes famines, révolutions, guerres mondiales / civiles, etc.) ; ils sont également l’expression de notre diversité culturelle, religieuse ainsi que notre capacité d'intégration (dialogue interculturel)

Sur les territoires des différents partenaires du projet EUCEMET, il existe des cimetières catholiques, protestants, anglicans, orthodoxes et juifs.

A Nicosie, on peut admirer l'ancien cimetière arménien, situé à égale distance entre la ville fortifiée, très proche de la porte de Paphos et de la porte ouest du centre historique; ce cimetière a été construit au début du 19ème siècle, par des membres éminents de la communauté arménienne arrivés en Chypre. Dans la même ville, un cimetière britannique a été édifié à la mémoire des soldats du Commonwealth tombés au combat.

Dans tous les villages du Nebbiu et du Cap Corse, on rencontre des mausolées, des tombeaux blancs faisant face à la mer qui sont inspirés de l’architecture grecque et des lieux de sépulture impressionnants, luxueux, richement ornementés, construits près de la route notamment par des familles corses, nobles ou bourgeoises, des notables, ou des Corses aventureux ayant émigré vers d’autres terres et y ayant fait fortune mais tenant à être enterrés chez eux, pour dormir de leur dernier sommeil dans leur terre d’origine. De telles constructions sont héritées de grandes traditions romaines ou florentines.

La Carriona, cimetière d’Avilés, construit à la fin du 19ème siècle (1887-1893), reflète également la prospérité d'un village étroitement lié à Cuba où un grand nombre de migrants asturiens avaient fait fortune. Une relation multiculturelle que l’on retrouve dans le cimetière : l’art funéraire néoclassique, symbolisme, inspirations médiévales etc.

Faisant référence aux "jardins des âmes", le titre du projet adopte volontairement une connotation poétique ; les cimetières européens ont été source d'inspiration pour de nombreux écrivains et poètes. Les cimetières marins nous rappellent quelques vers de Paul Valéry, Le cimetière marin ; dans La Comédie Humaine de Balzac, nous découvrons le personnage de Rastignac, qui, arrivé en haut du cimetière du Père-Lachaise (membre de l’ASCE), prononce sa célèbre phrase « A nous deux maintenant ».
De nombreux cimetières européens sont associés aux personnalités, aux « grands hommes » qui y reposent (intellectuels, artistes, écrivains, hommes d’Etat, hommes politiques, etc.), et certains épitaphes sont encore étudiés pour leur intérêt littéraire, pour leur valeur poétique, humoristique, historique.

C’est pourquoi nous pouvons affirmer que les cimetières européens doivent être
considérés comme des éléments majeurs du patrimoine, et qu’à ce titre, ils méritent une attention particulière et spécifique quant à leur préservation et à leur gestion.

Bien que ces monuments aient été quelque peu oubliés au cours de ces dernières décennies (surtout depuis la Seconde Guerre Mondiale), leurs propriétaires, principalement les collectivités locales, commencent à reconnaître leur potentiel culturel, artistique, touristique et  leur valeur ajoutée sur le plan économique.

Ainsi, comme de nombreuses autres collectivités, la ville espagnole d'Avilés élabore actuellement un plan de gestion de ces lieux, en collaboration avec des experts de l'Université d’Oviedo. En outre, certains investissements contribueront à la reconstruction des ruines de l’ancien bâtiment de l’aumônier, à l’entrée du cimetière, pour le transformer en un musée.

Les partenaires du projet EUCEMET ont conscience qu’il sera plus aisé de préserver ce patrimoine riche et complexe en effectuant un travail de coopération, basé sur l’échange d'expériences.

OBJECTIFS

C’est pourquoi, conformément à l'objectif général du Programme Culture de la Commission Européenne, le projet mettra en exergue une valeur spécifique de l'Espace commun européen –ses cimetières,  véritable patrimoine culturel collectif –, par le développement d’activités de coopération entre les différents acteurs, participant ainsi au développement d’un fort sentiment de citoyenneté européenne.

L’objectif du projet EUCEMET est de mettre en lumière et en perspective l'importance des cimetières et des arts funéraires, en tant qu’éléments importants du patrimoine culturel européen.

Plus précisément, à court terme, ce projet vise à identifier et à adopter une série de bonnes pratiques afin de faciliter l'accès, l'ouverture et la compréhension des cimetières par les visiteurs (muséalisation des cimetières), et donc à sensibiliser davantage le public pour susciter son intérêt vis-à-vis de ces monuments riches d’enseignements. Indirectement, et en parallèle, par la valorisation des cimetières comme sites culturels d’intérêt pour les visiteurs, le projet devrait également contribuer à la préservation, la protection et l’entretien concertés de ces sites.

Grâce aux activités et à la méthodologie proposées, le projet respecte également les trois objectifs-clefs du Programme Culture :
  • Il favorisera la mobilité transnationale des professionnels (gestionnaires de la culture, historiens, restaurateurs, conservateurs, architectes urbains, sculpteurs, étudiants en art et histoire de l’art, etc.), à travers la réalisation de visites d'étude, d’ateliers et de la participation d’écoles d’arts.
  • Les monuments funéraires, sites évidemment statiques ne pouvant être utilisés lors d’expositions itinérantes, peuvent néanmoins faire l’objet d’une mise en valeur et d’une mise en connaissance, via  l’utilisation des NTIC (projet pilote de  navigateur mobile à réalité virtuelle), et par les expositions de photographies artistiques.
  • Grâce à la diversité socioculturelle et à différentes caractéristiques  (architecture du cimetière, matériaux utilisés, traditions funéraires, différences religieuses, etc.), le projet contribuera à accroître le dialogue et à sensibiliser le public au profil interculturel de notre continent.

En accord avec l’objectif principal du Programme Culture (axe 1.2.1), les activités du projet permettront d’explorer des solutions novatrices qui constitueront les premières étapes d'une coopération durable.

Enfin, ce projet stratégique participera, à plus long terme, à la création d'emplois et au développement de nouveaux espaces culturels et industriels créatifs (tourisme culturel, préservation des monuments, développement de nouveaux produits, etc.) ; d’activités et de services basés sur le volontariat.